Recherche scientifique et développement technologique
Recherche scientifique et développement technologique dans le projet de loi quinquennale 2006 - 2010
L’absence de rentabilisation des produits de la recherche et la marginalisation du potentiel scientifique ont fait que la loi précédente 98/11 sur la recherche, n’a pas permis d’atteindre 25% de ses objectifs (un financement de 0.22% du PIB et 1500 chercheurs permanents seulement ont été mobilisés).
Selon le rapport du forum économique mondial
- Sur 117 pays, l’Algérie occupe la 78ème place pour la valeur concurrentielle des entreprises. Elle occupe la 77ème place pour la corruption et la 88ème place pour l’environnement économique des investissements et des affaires. Elle est classée ainsi derrière la Namibie, la Tanzanie, la Tunisie et le Maroc
- Sauf pour le secteur des télécommunications il y a un retard énorme pour les infrastructures de base, les nouvelles technologies, l’innovation et la recherche scientifique.
- Pour l’innovation et la recherche scientifique, l’Algérie occupe la dernière place (117/117).
- Avec une notation sur 10 pts, l’Algérie occupe la dernière place en ce qui concerne les performances du système bancaire (crédit, opération financières pour l’encouragement de l’investissement).
Le nouveau projet de loi délimite les actions essentielles à mettre en œuvre pour pallier aux insuffisances de la loi précédente:
- Mesures organisationnelles et institutionnelles (conseil national de la recherche scientifique, direction générale de la recherche, agences de recherche dotées de statut d’EPST).
- Programmation et évaluation (méthodologie d’évaluation et de mise en œuvre de PNR et des actions de recherche).
- Développement de la ressource humaine.
- Recherche universitaire (formation doctorale, laboratoires universitaires de recherche, valorisation du poste de responsabilité de recherche..).
- Mesures en faveur de l’information scientifique et technique (systèmes d’observation, outils d’aide à la décision, production de bases de données nationales, stratégie d’édition et de diffusion de l’information scientifique).
- Favoriser la coopération scientifique nationale et internationale (partenariats, assistance à la formation doctorale, régionalisation de la coopération universitaire, financement régional et international).
- Développement technologique, valorisation et financement incitatif.
Développement technologique et ingénierie
L’importance du développement technologique et de l’ingénierie (DTI) dans les processus, les produits, les systèmes organisationnels n’est plus à démontrer et demeure indiscutablement le ressort principal de la compétitivité nationale et de la croissance économique. Des études réalisées dans de nombreux pays industrialisés ne laissent planer aucun doute à ce sujet. En effet, dans certains pays la contribution du DTI à la croissance économique est de l’ordre de 50 à 78%, le reste provenant de l’investissement dans le capital social et de la productivité de la main d’œuvre. Actuellement, le DTI reste le moteur premier du changement et de la restructuration économique en cours dans ces pays. L’innovation et le développement technologique continuent à créer de nouvelles entreprises et à transformer ou mettre fin aux anciennes.
Ce que font les autres pays
Quant aux produits de la recherche, les Américains, par exemple, affirment que l’innovation n’est pas tirée par les organismes fédéraux, mais par le dynamisme des universités et des PMI. Et pour relancer l’innovation dans les années 80, le gouvernement n’a pas injecté des milliards; il s’est contenté de lever quelques verrous structurels. C’est ainsi que chercheurs et ingénieurs de petites structures restent propriétaires de leurs brevets, même si la découverte a été financée par des moyens fédéraux.
De leur côté, entreprises et universités peuvent mener des recherches en commun sans tomber sur le coup de la loi anti-trust. Enfin, la recherche universitaire peut faire largement appel à chercheurs étrangers pour compenser le déficit de chercheurs nationaux, les jeunes, comme dans toute l’Europe, se détournant de plus en plus des carrières scientifiques et techniques.
Quant aux grandes entreprises comme IBM, elles ont renforcé leur collaboration avec les PMI qui leur apportent la plupart des idées nouvelles alors que, en France, on pense que ce sont les grandes entreprises qui tireront les PMI.
Autre exemple, plus proche, avec les Suédois qui ont une approche un peu plus similaire : les trois quarts de la recherche ont lieu dans les entreprises grâce à des liens très étroits avec les universités qui sont évaluées tous les sept ans suivant trois critères : recherche, enseignement et partenariats (commercialisation de résultats, transfert de technologies et structures communes de formation continue).
Pour ce faire, les actions prioritaires suivantes seront entreprises
- Généraliser au sein des centres et unités de développement et des laboratoires R et D la maîtrise des concepts liés à l’ingénierie de production : définition et mise en œuvre des stratégies d’entreprises, conception de qualité des produits et des systèmes de production, conduite et gestion de ces systèmes, production de services;
- Mettre en place un dispositif de soutien au PMEPMI qui développent des produits à valeur ajoutée, qui améliorent la productivité et la qualité des produits et des services, qui adaptent les produits et techniques aux conditions locales;
- Mobiliser et valoriser les capacités nationales d’études, d’expertise et d’ingénierie dans les principaux domaines de la technologie des procédés et ceux des procédés de fabrication des produits et des équipements.
Valorisation
L’innovation et le développement technologique continuent à créer de nouvelles entreprises et à transformer ou mettre fin aux anciennes. Pour :
- Valoriser les technologies à valeur ajoutée, les capacités d’engineering et les équipements technologiques disponibles,
- Favoriser le transfert des résultats de la recherche vers les secteurs de développement,
- Accroître les capacités d’adaptation des technologies importées.
La part du PIB consacrée aux dépenses de recherche dans toutes ses dimensions augmentera progressivement de 0.18% par année jusqu’en 2009 pour atteindre en 2010 l’objectif de 1% du PIB.
Années |
Moyenne 1999-2004 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
Total 2006-2010 |
Libellés |
|||||||
Dépenses relatives à l’environnement de la recherche et aux PNR |
7.052 |
18.435 |
23.644 |
30.835 |
33.513 |
36.100 |
142.616 |
Dépenses investissement (infrastructures et grands équipements) |
2.359 |
1.497 |
7.173 |
12.131 |
22.716 |
27.795 |
71.312 |
Total des dépenses |
9.411 |
19.932 |
30.817 |
42.966 |
56.229 |
63.954 |
231.928 |
Produit intérieur brut |
4.231.000 |
5.226.310 |
5.519.340 |
5.812.370 |
6.105.400 |
6.308.430 |
|
Ratio des dépenses de recherche R&D/PIB |
0.22% |
0.38% |
0.56% |
0.74% |
0.92% |
1% |
Part du PIB consacrée annuellement à la recherche scientifique (en millions de DA)
Les mesures et actions suivantes sont à réaliser
- Favoriser les synergies et les économies d’échelle. Il s’agit de favoriser le partenariat stratégique entre les acteurs de l’innovation et de renforcer le dialogue et le contact direct entre les entités de recherche et les entreprises, à travers la mise en place de cellules de valorisation, la mobilisation des réseaux d’anciens étudiants des universités et des écoles, l’organisation de visites et l’association des représentants des entreprises à la définition et au suivi des projets d’innovation.
- Dégager une stratégie de financement à risque et partagé des projets innovants en impliquant les sociétés financières, les fonds de garantie, les dispositifs de soutien existant.
- Encourager la mise en place du dispositif incubateur, particulièrement au niveau des universités.
Prévisions de la loi quinquennale
- Un projet de recherche, qui s’étale en moyenne sur 03 années coûte à l’état 2 Millions DA, non compris les salaires et indemnités. Dans les prévisions pour 2010, le calcul du coût de la recherche prend en compte le fait que 90% des chercheurs travaillent en sciences et technologies et 10% en sciences sociales et humaines
- L’avant projet de loi 2006-2010 prévoit de réaliser, avec les 1% du PIB réservés à la recherche:
- 20 centres de recherche.
- Des pôles d’excellence.
- De faire passer le nombre de chercheurs (associés et permanents) de 15320 à 32579.
- D’exonérer les équipements de recherche des droits de douane et de TVA.
- De faire passer le nombre de projets de 2000 à 5430.
Potentiel scientifique dans une entreprise à capital-risque
1- Les chiffres :
- 500 enseignants préparent actuellement le doctorat à l’étranger.
- 24000 enseignants seront formés d’ici 2009.
- sur les 25000 enseignants que compte l’université algérienne, il n’y que 1500 professeurs soit un taux de 6%. Pour les MC, le taux est de 10%.
- 90% des travaux de recherche sont théoriques et le reste pour la recherche développement (RD).
2- Les structures et les incitations :
- Dans les pays Anglo-saxons, les universités ont, depuis longtemps, mis en place dans leur enceinte une structure appelée «Research officer» qui aide les chercheurs à formuler leur projet en relation avec les besoins de l’industrie. Une autre structure, tout aussi importante, mise en place par ces universités est dite du «Spin-off» qui aide à suppléer l’absence d’un promoteur externe en participant à la réalisation du montage de l’activité qui va être organisée autour de l’innovation en assurant une partie de son financement ; l’université fonctionnant comme une sorte de société à capital-risque.
- Créer un système de financement des thésards en urgence puisque c’est eux qui font l’essentiel du travail de recherche.
- Ralentir la fuite des cerveaux, dans un 1er temps et essayer, dans un 2éme temps, de faire retourner ceux qui étaient partis tout en y veillant.
Prévisions de la loi quinquennale
- La reconnaissance de la société à leur endroit (statut social).
- L’amélioration sérieuse des rémunérations.
- La progression dans la carrière.
Exemple :
Selon le professeur AOURAG de l’université de Sidi Bel Abbès, dans une interview au quotidien d’Oran (août 2005), «en 1990 les enseignants Marocains étaient moins bien payés que les enseignants Algériens. Actuellement un professeur Marocain touche un salaire équivalent à celui d’un professeur Français; ce qui a contribué à stabiliser le corps enseignant de haut niveau au Maroc». Aussi, l’Algérie dépense entre 5000 et 10000 Euros par mois, en plus des avantages sociaux pour payer des milliers d’experts étrangers, pour la plupart aux compétences douteuses, alors que les cadres Algériens ne bénéficient que 1/10 de leur salaire.
Actions prioritaires en relation avec l’environnement de l’entreprise.
A l’instar du Portugal et de la Tunisie des actions concrètes et urgentes doivent être entamées pour l’Algérie (dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union Européenne et celui de l’accès à l’OMC) :
- Redéfinition des missions et refonte des administrations économiques.
- Rénovation des zones industrielles.
- Dynamisation du champ de l’information économique et commerciale.
- Renforcement des structures d’appui et de services à l’entreprise (assistance technique et technologique, normalisation, qualité, audits d’acquisitions de technologies)
- Amélioration de la compétitivité des entreprises Algériennes (diagnostic et plans de mise à niveau…)
- Acquisition de nouvelles technologies (investissements technologiques prioritaires…).
- Renforcement des structures financières des entreprises (fonds d’aide de l’état en grande partie, aides Européennes, aides des banques implantées sur le territoire, aides de la banque mondiale…).
- Etablissement d’une esquisse économique à long terme (2030), tenant compte des moyens de financement disponibles jusqu’à cette échéance (en prévision des baisses éventuelles pour les entrées en devises grâce aux hydrocarbures).
Conclusion
Pour que la loi proposée puisse aboutir à des résultats concrets, il faut d’abord que les décideurs soient conscients du décalage qui commence à s’installer en matière de recherche-développement par rapport aux pays de la région et donc des conséquences néfastes sur le rôle stratégique futur du pays. Il est donc urgent que les mentalités s’adaptent à ce contexte et qu’alors des décisions courageuses d’ordre organisationnel, humain et financier, suivies de mesures incitatives en rapport avec celles des pays voisins, soient prises pour développer la recherche dans notre pays.
Référence
Loi n° 99-05 du 18 Dhou El Hidja 1419 Correspondant au 4 avril 1999 portant loi d’orientation sur l’enseignement supérieur modifiée et complétée