Mot du Professeur Omar FERHATI, recteur de l'Université, dans la nouvelle cérémonie de l'année académique

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L'université d’EL-Oued (Algérie) organise un colloque national

le  10 et 11 avril 2013 à El-Oued intitulé

  problématique de l'argumentation dans un projet éducatif.

 

 

L’argumentaire

L’idée même de l’argumentation est venue pour corriger une certaine pratique discursive ancrée dans l’histoire des orateurs. Ces derniers sont les détenteurs de vérité pendant longtemps. L’orateur, par le biais d’une habileté discursive dans la plus part des cas manipulatrice, influe sur les sentiments de l’auditoire. Deux facteurs sont essentiels dans cet acte discursif : l’éthos et le pathos, le premier étant vu comme l’image travaillée de l’orateur dans son discours ce qui insinue directement ou indirectement une forme de domination et d’auto démonstration, le second étant vu comme le type de comportement de l’auditoire suscité par l’orateur. Mais dans de telles circonstances, les sujets n’ont que partagé les mêmes conceptions de celui ou celle qui s’exhorte le plus dans son discours. Aussi, en réponse, toute allégeance et assentiment de la part de l’auditoire car l’orateur est vénéré et considéré comme l’incarnation de Dieu.

 

      En effet, le plus vénéré des orateurs est celui qui manipule le mieux la parole dans une intention de bannir toute confrontation et tout conflit. Cela, se fait dans un atticisme menaçant qui ne fait qu’occulter  la voix de l’autre et s’empare de son droit à la parole. Autrement dit, c’est une période de grandiloquence où la persuasion est le moyen de détournement des esprits. Or, de cette pratique discursive ou rhétorique ancienne naît l’argumentation, mais une connotation péjorative reste collée à la rhétorique à nos jours.

 

       En Europe, on prévaut l’argumentation sur la rhétorique et sur le discours d’apparat, par ailleurs, dans une politique éducative où prévalent les théories argumentatives, le cours de l’histoire assiste à une mutation profonde. Les principes et les relations interhumaines déclenchées premièrement par la propagation de la démocratie, fille légitime de la diffusion de la lecture au grand public après l’invention de l’imprimerie.

 

       La lecture de masse marque donc un tournant dans l’histoire de la pensée humaine habituée traditionnellement, ou bien à la manipulation au temps réel, une autre forme de violence discursive car l’auditoire n’a pas  le temps qu’il faut pour bien juger mais, il est contraint à réfuter ou donner son consentement dans l’immédiat, ou bien à la guerre qui dicte ses lois d’esclavage aux vaincus.

 

      Dans un projet de société, l’argumentation devient l’un des facteurs essentiels entrant dans la formation du citoyen actif et positif. Actif dans le sens où il ne se laisse absorber qu’en cas de partage de convictions et d’un consentement raisonné. En effet, pour nous, il ne s’agit pas seulement de dominer et de faire passer des arguments pour gagner temporairement et même sporadiquement  la voix public (car en fait toute argumentation rhétorique basée sur la manipulation et le détour recevra en retour et après réflexion une réaction contraire et même violente) ; mais de travailler pour en saisir la portée argumentative après adoption puis en faire la plate forme d’une argumentation qui s’appuie sur ces mêmes arguments.

 

Par exemple, l’idéologie commence d’une personne et si elle reste personnelle, elle devient simplement un point de vue. Or, pour s’ériger en une idéologie, où les fondateurs s’évertuent dans l’argumentation pour que la cause devienne un symbolisme producteur d’une réalité sociale.

 

      Nous rejoignons Ch. Plantin dans la citoyenneté rhétorique et dans un projet de société c’est-à-dire la formation, non pas de celui qui maîtrise l’art de bien parler, mais de celui qui défend une cause dans son aspect social. C’est une conception globale de l’éducation orientée vers la formation du citoyen. En revanche, nous nous éloignons de Ch. Plantin quand il ignore les compétences particulières ( A ce niveau, nous ne nous opposons pas au fait d’ignorer la compétence entant que moyen de détournement de la voix publique pour s’emparer de son alliance et de son consentement, mais au fait d’ignorer la compétence entant que don et talent à développer et dresser dans le but de justifier par la raison, le bien fondé et la légitimité d’ un droit ou d’une cause)  pour rejoindre l’argumentation française mettant la langue en avant dans le processus d’apprentissage et dans un projet éducatif qui se base sur l’imprégnation puis la créativité.  Imprégnation dans la mesure où l’être humain est le produit des autres  dans un contacte interhumain continu. Créativité dans la mesure où il doit, à partir d’un certain âge, produire sa propre posture dans ses relations avec les autres. Nous adoptons donc dans cette perspective le point de vue de Vigotsky  en favorisant le développement social via le langage et l’école.

 

        Une différence qui explique l’orientation des chercheurs français du « beau dire » au « pour quoi dire » donc, d’un souci littéraire à celui communicationnel dans une réponse à de nouvelles urgences suscités par la démocratisation des publics scolaires. Une question s’impose où on en est ?

 

        L’argumentation qui est au cœur de la représentation symbolique ne pourrait prendre le plein sens que dans et par l’affectivité et la sociabilité des apprenants. Ceci dit, que la langue, source de l’argumentation doit être maternelle ou apprise par acquisition avec son héritage socioculturel. Mais, le français est-il considéré comme langue maternelle, seconde  ou étrangère en Algérie ? Une question très épineuse car, un flou règne sur toute la didactique dans le pays et aucune décision fondée n’a pu être prise jusqu’à présent chose qui laisse encore une fois la porte ouverte à toutes les aventures avec tous les risques que cela peut engager.

 

 C’est vrai que l’argumentation est nouvellement introduite, mais seulement  pour qualifier qu’un texte est argumentatif oubliant de ce fait toute l’argumentation dans le discours. En revanche, la nouveauté ne dépasse pas le stade de la typologie des textes, le travail se résume en quelques questions pouvant diviser le texte en thèse, antithèse et conclusion mais,  ne passe pas en profondeur pour discuter les représentations et les retombées argumentatives de l’être langue sur l’être humain.

 

Les axes du colloque

     I-  Le fait de lancer un jugement est une affaire de cognition malgré les contraintes psychologiques. Or tout processus de cognition est relatif à des différences individuelles. Par conséquent, trancher qu’un énoncé est argumentatif ou non revient à la compétence de raisonnement. En effet, il se pourrait qu’un énoncé pleinement argumentatif pour un destinataire ne le soit pas pour un autre. Peirce et Grize soutiennent cette position  partant du principe que ce n’est pas l’énoncé lui même qui est argument mais le fait de le considérer ainsi. De ce point de vu, il s’avère plus qu’essentiel l’étude des mécanismes et des moyens pour un bon développement du raisonnement chez l’apprenant tout en préservant sa particularité argumentative et son identité psychologique

 

     II- dans le monde des sciences humaines,  d’un aspect  purement logique se réclamant d’objectivité à un aspect communicationnel se réclamant de subjectivité, l’argumentation  se voit conciliateur. En effet, si la logique cherche l’universalité en rassemblant les esprits sur une vision du monde, Platon en a déjà parlé en posant la cité utopique, à quoi bon parler de l’argumentation qui traite des différences et des libertés individuelles comme moteur de créativité humaine. Or la formation de toute communauté effective des esprits exige un ensemble de conditions indispensables à l’argumentation : un langage commun et une technique permettant la communication. L’auteur d’Alice au pays des merveilles montre bien la chose où les êtres de ce pays comprennent à peu près le langage d’Alice. Mais le problème pour elle est d’entrer en contact, d’entamer une discussion, car dans le monde des Merveilles, il n’y a aucune raison pour que les discussions commencent. On ne sait pas pourquoi l’un s’y adresserait à l’autre.

 

L’argumentation doit occuper une place prépondérante dans la société, d’où la nécessité d’actualiser son enseignement au sein de notre système scolaire et de proposer de nouvelles approches laissant par la même occasion de côté notre enseignement classique de ce type de discours.  Il ne s’agit donc pas d’adopter un comportement behavioriste ou structural, fort cher aux enseignants, dans l’acquisition d’une fausse compétence argumentative qui se résumera  en l’étude de quelques notions et caractéristiques dans le cadre d’un projet (le plaidoyer et le réquisitoire en 2as) mais à un changement radical de comportement dans l’interprétation et la transmission de cette compétence aux élèves de la part du professeur. Notre objectif est, donc, de faire de l’étude de l’argumentation un mode de vie et un savoir-être dans  l’inaptitude des enseignants à maîtriser la transposition de l’objet à enseigner en objet d’enseignement dans le cadre de la classe à cause de l’absence de formation continue et de recyclage pour la maîtrise de nouvelles méthodes d’apprentissage. Cet état des faits font que l’enseignant adopte en grande partie des arguments d’autorité et dans certains cas un comportement agressif envers les apprenants pour exprimer son statut de maître ou bien pour dissiper ses lacunes. Il est donc naturel de se retrouver avec des élèves bloqués, passifs, incapables de raisonner ou de participer au moindre débat, ce qui constitue en réalité un constat contradictoire avec d’une part, les objectifs généraux pour l’installation d’une compétence argumentative et d’autre part, les finalités et le  profil de sortie d’un élève à l’issue de l’enseignement du français au secondaire.

 

 

Envoyer les prépositions de communication au plus tard le 10 mars 2013 à l’attention de

Monsieur MESBAHI Khaled

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