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Mémoire de l’immigration algérienne, Oued Souf (Algérie) – Hauts-de-Seine (France) : Projet de collecte, conservation et traitement de sources orales

BDIC - Université de Paris Ouest Nanterre la Défense - Université d’El Oued (2008-2012)

Rosa Olmos

Résumé

En mars 2012, une équipe d’enseignants et d’étudiants d’Histoire et de Sociologie de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, et de l’Institut Maghreb Europe (Université de Paris 8), accompagnés par des bibliothécaires d’archives audiovisuelles de la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC) et par deux jeunes documentaristes, ont collecté pendant quinze jours dans la région du Oued Souf (Algérie) les témoignages des anciens habitants de Nanterre.

Entrées d’index

Mots-clés :

migration, mémoire orale, collectage

Géographie :

Algérie, Nanterre

Les origines

  1. Cette mission est née d’un projet de collaboration universitaire conçu en 2008 par le Service audiovisuel de la BDIC avec l’objectif de partager la production, la conservation et le traitement d’archives orales entre deux institutions universitaires, française et algérienne.
  2. Ce projet a été d’emblée associé à un concept original d’échanges entre Nanterre et la région du Souf. La collecte de témoignages devait se faire à la fois en France et en Algérie, associant les populations, par l’intermédiaire des associations, à des universitaires et étudiants du centre universitaire d’El Oued, chef-lieu de la wilaya où se trouve Guemar.
  3. Cette expérience de terrain interculturel et bilingue permit aussi aux historiens de l’immigration de deux rives de la Méditerranée de mieux connaître le circuit et les traces de l’immigration algérienne du Oued Souf en Hauts-de-Seine, et son retour au pays d’origine. Le choix de Guemar et de la région du Souf est dû aux liens qui s’étaient noués entre la municipalité de Nanterre et celle de Guemar, sous l’influence d’anciens Guemaris de la commune française, notamment l’écrivain Brahim Benaïcha, dont le livre Vivre au Paradis. D’une oasis au bidonville constitue le premier témoignage de cette expérience d’émigration.
  4. 1.Le projet reposait sur le soutien du Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France en Algérie, l’appui de la municipalité de Nanterre et du consulat d’Algérie à Nanterre. En Oued Souf l’accueil des participants et l’encadrement logistique a été organisé par l’Université d’El Oued et l’Office du tourisme et de la culture de la ville de Guemar.
  5. À partir de l’année 2009, suite à la signature d’une convention de collaboration entre les présidents des universités Paris Ouest Nanterre La Défense et du Centre universitaire d’El Oued, le projet a franchi plusieurs étapes. D’une part la mise en place d’un réseau institutionnel et associatif, et d’autre part l’organisation du travail scientifique de la collecte.
  6. Elle a pris forme en 2010 grâce à l’implication du Département d’Histoire de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et notamment du Séminaire « Histoire sociale, villes et migrations » du Professeur Marie-Claude Blanc-Chaléard qui a intégré à son enseignement de master 1 et 2, une formation sur l’histoire des Algériens en France et sur l’histoire des bidonvilles, avec la collaboration de Muriel Cohen. Ces historiennes encadrent le travail scientifique de ce projet en collaboration avec le Professeur Aïssa Kadri, sociologue de l’Université de Paris 8. La même année, deux enseignants en histoire de l’Université d’El Oued et la responsable de la bibliothèque universitaire, ont été invités en France pour participer à divers séminaires sur l’immigration et l’histoire orale. Ils ont reçu une formation de recherche documentaire sur ce thème et consulté les divers fonds d’archives existants à la BDIC. Des visites de terrain des anciens quartiers de bidonvilles ont été organisées par la Société d’histoire de Nanterre et par l’association Nanterre-Guemar.
  7. En février 2011, la BDIC a organisé le voyage des historiens de Nanterre invités par l’Université d’El Oued et par la ville de Guemar, deux lieux privilégiés d’émigration du Souf vers Nanterre. À l’occasion, y a eu des rencontres avec des structures culturelles locales qui ont facilité sur place les premiers contacts avec des témoins.
  8. D’une façon générale, ce séjour a permis de prendre conscience de l’importance de la filière migratoire entre le Souf et l’Ouest parisien : de nombreuses rencontres fortuites, notamment parmi les personnes qui travaillent à l’Université, enseignants ou autres, montrent que beaucoup ont des relations ou de la famille à Nanterre. Le travail sur la mémoire partagée relève presque de l’évidence. A la fin 2011 un historien d’El Oued spécialisé sur les migrations de Souafa en Tunisie est venu participer aux premiers entretiens réalisés à Nanterre.
  9. Le démarrage de la collecte en Hauts-de-Seine a permis de renforcer la connaissance du sujet, de mettre au point la grille d’entretien avec ses adaptations selon les profils des interviewés, et d’avancer sur le corpus des témoins, tout en identifiant les liens familiaux avec des témoins potentiels en Oued Souf. L’équipe franco-algérienne chargée de la collecte en Algérie était composé de 16 personnes : historiens et sociologues (intervieweurs), bibliothécaires, cameraman, et traducteurs. Trois équipes de tournage ont réalisé 33 entretiens. Les témoins avaient été préalablement contactés par l’université d’El Oued et l’équipe de la culture de l’Office du tourisme de Guemar. Il y a eu une vraie motivation et une grande marque de confiance de la part des anciens pour l’objectif de transmission de la mémoire aux générations futures. Ces entretiens filmés ont été numérisés et sauvegardés quotidiennement sur deux disques durs. Sur place nous avons commencé l’élaboration d’un inventaire des témoins et la rédaction des fiches de synthèse des entretiens, préparées avec l’aide des interviewers. Le travail de traitement doit continuer en juin 2012 à la BDIC avec la participation de Hadjra Henni responsable de la bibliothèque universitaire d’El Oued qui aura pour mission de rédiger les fiches chronothématiques en langue arabe. Le traitement permettra la valorisation et l’accès aux archives dès la rentrée universitaire 2012-2013 à la BDIC et à la bibliothèque universitaire d’El Oued.
  10. Un colloque franco-algérien autour de ce projet de sources orales est envisagé en France et en Algérie. Il pourrait donner lieu à une publication qui serait novatrice sur bien des points.

Les appuis institutionnels

Les échanges universitaires

La collecte et le traitement

Pour citer cet article

Référence électronique

Rosa Olmos, « Mémoire de l’immigration algérienne, Oued Souf (Algérie) – Hauts-de-Seine (France) : Projet de collecte, conservation et traitement de sources orales », Bulletin de liaison des adhérents de l'AFAS [En ligne], 38 | printemps-été 2012, mis en ligne le 21 mai 2013, consulté le 07 juin 2014. URL : http://afas.revues.org/2838